Au Pays d'Elles
du trauma de l’enfance à la conquête de soi :Ou comment le manque de conviction peut nuire à la quête de soi.
Etre une personne de conviction
Définition du Larousse.
- Définition de la conviction : État d’esprit de quelqu’un qui croit fermement à la vérité de ce qu’il pense ; certitude : J’ai la conviction que le conflit aura lieu.
- Principe, idée qui a un caractère fondamental pour quelqu’un (surtout pluriel) : Avoir des convictions politiques bien arrêtées.
- Conscience que l’on a de l’importance, de l’utilité, du bien-fondé de ce que l’on fait ; sérieux : Soutenir un projet avec conviction.
Ce matin, j’ai reçu un mail de Cyrille Novou intitulé : Ne soyez pas tiédasse !
C’est marrant car j’en discutais hier au téléphone avec mon ami Sylvain. Faire les choses à fond ou pas. Risquer le tout pour le tout, pour gagner la bataille. Arrêter d’avoir peur. Affirmer haut et fort qui on est, ce que l’on a vécu et ce que l’on est en droit de se faire vivre désormais. Rester tiède, c’est n’être ni chaud ni froid, c’est rester assis le cul entre deux chaises dans une position d’inconfort total, inconfort qui néanmoins est ce que nous connaissons et qui nous donne le sentiment totalement erroné de « confort ».
La fameuse zone de confort dans laquelle nous nous plaignons tout le temps, nous nous victimisons, mais dans laquelle nous restons car nous ne nous donnons pas les moyens d’en sortir. Terrorisés de ce que nous pourrions perdre, sans même envisager ce que nous pourrions gagner.
Le contraire de conviction est le doute, le scepticisme, l’incrédulité. L’incrédulité n’étant pas de l’insouciance mais le principe, à tort ou à raison, de rejeter ce qu’on ignore, c’est l’attitude d’une personne à mettre en doute des croyances, des faits qui lui sont présentés comme vrais. Une personne incrédule peut donc être une personne absolument convaincue.
La conviction : c’est quoi un homme de conviction ?
« Être un homme, c’est sentir en posant sa pierre que l’on contribue à bâtir le monde. »
Antoine de Saint-Exupéry
Lorsque la peur nous envahit, elle s’insinue dans les moindres recoins de nos pensées et elle nous empêche d’avancer. Avoir peur, c’est aussi ne pas se faire confiance ni dans ses actes ni dans ses opinions. C’est porter un jugement sur soi qui nous dévalorise.
Être une personne de conviction ne rime pas avec être une personne sans opinion personnelle.
Être une personne de conviction, c’est avoir un esprit sans cesse en mouvement, un esprit qui pense par soi-même, qui ne se laisse pas influencer facilement, qui élabore ses propres questionnements par rapport aux choses, qui a ses propres opinions en étant capable de les justifier, tout en restant ouvert à la remise en question.
Être une personne de conviction ne signifie pas tenter de dominer les autres, ou avoir toujours le dernier mot. Bien au contraire, être capable de convaincre, c’est être capable de débattre, d’argumenter, de laisser l’autre s’exprimer, puis éventuellement de modifier certaines certitudes qui ne seraient pas étayées de preuves probantes, et vérifiables.
Selon moi, être un homme de conviction, c’est avoir l’intelligence émotionnelle adaptée aux circonstances afin de se mettre en adéquation avec la réalité des choses. Car nous avons des liens émotionnels avec nos convictions, en réaction à notre éducation et nos expériences de vie, qui risquent de nous entrainer dans des chemins de pensées ou d’actes erronés.
Le manque de conviction : synonyme de crédulité ?
« Le manque de conviction rime avec je ne suis pas sûr de moi ni de mes opinions. »
Thalia Remmil
C’est une question que je me pose souvent : si j’avais été moins crédule, aurais-je été plus convaincue ? Ou bien si j’avais été plus convaincue de mes propres opinions, aurais-je été moins naïve ?
Certainement ! Parce que j’en ai été stupide de croire à tout sans m’opposer, à dire oui au dernier qui a parlé, à prendre pour argent comptant toutes les couleuvres qu’on m’a fait avaler. Quand j’y repense aujourd’hui, j’en éprouve de la honte d’avoir été si crédule, à croire des trucs invraisemblables. Ça ne sert à rien de se flageller, si ce n’est à se faire du mal inutilement, la chose importante maintenant étant de reconstruire tout ce qui a été déconstruit en moi depuis mon jeune âge. Cette capacité qui se nomme « Oser être Soi. »
Cesser d’être crédule, ça demande du temps, du courage, de la patience, de la persévérance. Ça demande l’apprentissage de la confiance en soi et de l’estime de soi. Mais on y arrive !
La conviction : comment devenir une personne convaincue ?
« On dit qu’une conviction est solide quand elle résiste à la conscience qu’elle est fausse. »
Paul Valéry
A cause de nos traumatismes de l’enfance devenus de lourds fardeaux portés à l’âge adulte, nous sommes souvent devenus des moutons.
Ces blessures émotionnelles nous font éprouver des sentiments qui mélangent la peur, l’impuissance, la détresse, la mauvaise estime de soi, une confiance en soi faible voire inexistante.
Entretenir la peur chez une victime, c’est une des stratégies des prédateurs. C’est tout un art que de maintenir une personne sous emprise et c’est ainsi que la force de conviction peut devenir malsaine en se transformant en de la manipulation mentale. Je peux débattre de cette question longuement tant j’ai été victime dans ma vie de manipulation mentale, depuis l’enfance, là où le cerveau est influençable à souhait, puis à l’âge adulte là où le cerveau a gardé en mémoire cette capacité à se laisser manipuler.
Se débarrasser définitivement de cette peur pour devenir une personne forte, sûre d’elle, qui se donne la confiance qu’elle mérite, c’est aussi cela « avoir des convictions ».
La conviction : le courage de ses pensées
« Ayez le courage de vos convictions une fois que vous avez pris une décision. »
Walter Schloss
Il n’y a pas de courage sans peur. Il n’y a pas de gens convaincus qui n’aient expérimentés en premier la peur.
Trouver la force de dire, c’est aussi prendre les rênes de sa vie en mains.
Le manque de conviction est aussi une délégation de responsabilité, lorsque l’on s’en remet aux autres les yeux fermés, sans y opposer le moindre questionnement.
Avoir le courage de ses pensées et de ses actes, c’est ne plus laisser autrui décider à notre place, une étape indispensable dans l’affirmation de soi dans ce monde où il nous appartient de nous prendre en charge au lieu de se victimiser, en prétendant un « je n’y suis pour rien » trop facile.
La conviction : indispensable dans la quête de soi
« Lorsque vous dîtes « oui » aux autres, assurez-vous que vous ne dîtes pas « non » à vous-même. »
Paulo Coelho
Les vrais héros sont ceux qui parviennent à surmonter la peur d’avoir des idées qui leur soient propres et d’oser transmettre ses idées. Les personnes en quête d’elles-mêmes sont des individus qui cherchent une vérité : l’état d’esprit de quelqu’un qui a des convictions est celui de quelqu’un qui croit en la vérité de ce qu’il pense.
Notre passé est bien souvent la source de nos incertitudes ; nos blessures d’enfance ont fabriqué une faille dans notre système émotionnel qui nous empêche de nous affirmer. Le travail sur la construction de la confiance en soi et de l’estime de soi va de pair avec le courage de devenir une personne de conviction.
A contrario, comme l’écrivait Nietzsche, les convictions peuvent aussi être ennemies de la vérité. En effet, avoir trop de certitudes en se plaçant comme détenteur de la vérité sans être capable de se remettre en question est le signe d’une trop grande confiance en soi. La toute-puissance peut se révéler dangereuse pour soi-même et les autres.
La quête de soi est la recherche d’une ligne de vie qui soit équilibrée. C’est un chemin qui demande amour, courage et persévérance mais aussi remise en question. La quête de soi est une enquête au pays de Soi, une alchimie qui demande de savoir prendre du recul par rapport à soi. Je ne sais pas si l’on peut un jour affirmer : ça y est, je suis Moi. Mais on peut s’en approcher de manière de plus en plus subtile, de façon à se sentir à sa place dans ce monde où l’être humain est en constante adaptation, se réinventant au fil de ses expériences. Plus qu’une quête de soi avec force et conviction, je dirai une découverte de soi en constante réévaluation par rapport à des contextes de l’existence qui changent, tout en gardant ses valeurs de vie essentielles, celles qui appuient nos convictions.
Thalia Remmil