Au Pays d'Elles

du trauma de l’enfance à la conquête de soi : Devenir une femme à part entière

Comment ne plus être une femme-objet ?

« Il y a deux sortes de femmes. La femme-bibelot que l’on peut manier, manipuler, embrasser du regard, et qui est l’ornement d’une vie d’homme. Et la femme-paysage. Celle-là, on la visite, on s’y engage, on risque de s’y perdre. »

Michel Tournier

 

Définition du Larousse : Femme considérée comme une chose ou un objet de désir

Je te raconte dans mon récit de vie comment je suis passée de femme-objet soumise, dépendante affective, à femme vivante, indépendante, déterminée.

Cela te parait peut-être étrange que j’utilise ce mot « vivante » pour me décrire, mais c’est bien de ça dont il s’agit. Devenir une femme forte a été pour moi synonyme de devenir vivante et m’évader de mon empris’onnement.

Car lorsque l’on a vécu les traumatismes de l’inceste dans l’enfance et son lot de dommages collatéraux, on devient un objet. On se sent comme un objet sexuel dans sa vie de femme, Puis, on sait combien il est difficile de vivre plutôt que de survivre. On sait combien il est difficile de se respecter en se considérant comme un individu avec sa propre personnalité. parce que les autres nous ont placé autour d’eux comme une chose utile à leurs besoins personnels.

Alors, comment devient-on une femme-objet ? Pourquoi le devient-on ? Quand et pour combien de temps, et comment pouvons-nous cesser de l’être ?

Entre la femme-bibelot et la femme-paysage, laquelle as-tu le courage d’être ?

Être une femme-objet : Je te raconte une anecdote

Il y a quelques années en arrière, je devais avoir environ 45 ans. C’est alors que je me suis créé une adresse mail on ne peut plus explicite sur la façon dont je me considérais. Cette adresse avait pour intitulé principal : fovni.

F de femme ; O de objet ; V de violée ; N de non ; I de identifiée

Femme-objet violée non identifiée !

Quand je repense à ça, je me dis que j’avais un sérieux trauma d’enfance. Un trauma non résolu. Je le nomme « un cadavre dans le placard » dans un de mes articles.  A cette époque, ma résilience était alors loin, très loin, devant moi. Mon parcours de femme résiliente ne fait qu’apporter des preuves à ce périlleux cheminement qu’est la quête de soi. Une quête pour se libérer des schémas destructeurs et pour se diriger vers la véritable re-naissance. Car il s’agit bien de naître pour de bon à soi-même !

Femme-objet : Comment le devient-on ?

« C’est dans l’oubli de soi, dans le refus de soi, dans le déni de son histoire, que l’âme délaisse le corps, sans doute par peur d’une vérité trop douloureuse. »

Thalia Remmil

Ce dont je peux le mieux parler, c’est de la façon dont moi, je suis devenue une femme-objet. Ça remonte à la préadolescence, ou peut-être avant, quand ma mère me déposait comme un objet trop encombrant à son goût chez ma nourrice. Je crois que ces choses-là se ressentent. Les enfants savent par intuition ce qu’il se trame dans le cœur de leurs parents. Pour autant, ils se comportent de façon à obtenir de l’amour d’eux.

Femme-objet VS victime d’inceste

Quand on est victime d’inceste et/ou d’abus sexuels, il est bien compliqué de s’estimer comme un individu vu que l’on devient dans le regard de l’abuseur un corps utilisé pour satisfaire ses propres besoins. Les conséquences sur le développement psychique sont à la hauteur de la violence « psychologique » et/ou « physique » des actes subis.

C’est ainsi que je suis devenue une femme-objet. Perdant toute estime de moi, je n’étais bonne qu’à être « utilisée ».

Femme-objet : le couple, l’homme et la sexualité

J’ai écrit de nombreux articles sur le thème de l’inceste parce que c’est un sujet que je connais très bien pour l’avoir vécu. C’est à cause de ce trauma d’enfance que je suis devenue « dysfonctionnelle ». J’avais des difficultés par rapport à ce que l’on peut nommer un état psychique sain et non toxique, pour les autres et pour soi-même. Je t’explique dans le deuxième paragraphe comment je suis devenue une femme-objet et comment je pense que l’on devient une femme-objet. Lorsque l’on évoque ce terme, femme-objet, on pense tout de suite à objet sexuel. Mais la sexualité n’est pas le seul domaine où la femme peut être considérée comme une chose. Je t’en reparle plus tard.

Par exemple, dans la vie de couple. Si on a un parcours de violences psychologiques et d’abus sexuels, on peut tomber dans des relations toxiques. Ainsi certains hommes vont voir en nous, l’objet sexuel qui va leur permettre d’accéder à tous leurs fantasmes sexuels, avec -mais bien souvent sans – notre consentement.

La sexualité devient alors une sorte de relation dominant-dominée. Alors la femme est cantonnée dans son rôle de parfaite poupée gonflable, objectivée tel un instrument de plaisir pour et par le désir de l’homme.

Femme-objet : Comment concilier un rôle de femme fatale sans être une femme-objet ?

Ce rôle de femme-objet, la femme peut apprécier d’y jouer pour autant qu’elle en soit en partie l’investigatrice, ou à minima totalement consentante.

Il m’est arrivée dans ma vie de femme de jouer et d’y prendre du plaisir, intellectuel et physique. J’ai réussi à certaines périodes à concilier le fait de jouer à la femme fatale, tout en incarnant une position de femme qui se fait respecter, estimer, considérer et qui sait affirmer ses limites. Il est vrai que d’être une femme libérée sexuellement peut induire une connotation malsaine et sexiste. Une image qui renvoit celle de la femme-objet, responsable et coupable de ce fait.  Cependant, il est possible d’adopter un comportement féminin, avec un état d’esprit « sexy » sans tomber dans les clichés péjoratifs.

Cela revient à être soi-même, à s’affirmer telle que l’on est, bien dans sa peau. Cela revient  à montrer aux hommes qu’on ne fait pas tout ça exprès, juste par provocation. Toute femme est légitime dans son statut de femme, et ce statut n’a rien à voir avec un rôle fait sur mesure pour le plaisir de ces messieurs.

Femme-objet : Les différentes manières de l’être

« Que devient un corps sans l’âme qui l’accompagne ? Une machine, ni plus ni moins. Une existence sans battements de cœur. »

Thalia Remmil

On peut se sentir inexistante, ne pas trouver sa place, ressentir un vide existentiel, croire que l’on est comme invisible aux yeux des autres. Sans vie. Tout ça, ce sont aussi des manières de se sentir objet, inanimé.

Très longtemps, pendant des soirées avec des amis, des repas de famille, je me posais telle une plante et j’attendais que l’on m’arrose. je patientais dans l’espoir presque perdu d’avance, de fleurir, épanouie, heureuse comme par enchantement !

Mais pour que la magie opère, il faut y participer de manière active, volontaire et courageuse ! C’est un véritable travail personnel, un combat en face-à-face. Ce travail demande persévérance et courage pour établir un vrai lien de soi à soi. Doucement, apprendre à s’aimer, et cesser de se comporter de la façon dont nos conditionnements nous ont appris à le faire.

 

Ne plus être une femme-objet : une véritable quête de soi

Partir à la conquête de soi, c’est une aventure périlleuse mais merveilleuse. C’est ainsi que l’on passe du stade de femme-bibelot à celui de femme-paysage. C’est par la connaissance de soi que l’on s’accorde une vraie et juste valeur qui nous permet de nous affirmer en tant qu’individu à part entière. Dans le fond, tout passe par ce travail d’introspection à la découverte de tout ce dont nous n’avons pas conscience. Ça passe avant tout par l’amour de soi. Par la réconciliation corps-âme-esprit. Un jeu de lego, un puzzle…un labyrinthe. Mais le jeu en vaut la chandelle.

Thalia Remmil

Rejoins ma communauté !

Instagram