Au Pays d'Elles

du trauma de l’enfance à la conquête de soi : Le besoin d’amour, une quête dangereuse.

La manipulation des sentiments

J’ai juste envie de déposer ici et par cet article, ce que j’ai vécu toute ma vie au travers de mon besoin d’amour : « Au secours, j’ai besoin d’amour. »

Comme la terre a besoin du soleil… Ce n’est pas de moi, les paroles de cette chanson sont de Michel Berger et Luc Plamondon. Comme l’oiseau a besoin de ses ailes pour voler.

Combien sommes-nous de femmes dans cet état d’urgence à attendre qu’un homme nous témoigne de l’affection si possible de manière durable et sincère ? Comment sommes-nous dans une telle attente d’amour que nous en sommes dépendantes comme nous pourrions l’être à n’importe quelle substance illicite et dangereuse pour notre santé ?

Nombreuses. Beaucoup trop nombreuses. En manque. Dans l’espérance d’un shoot qui nous rebooste d’envie de « voler comme cet oiseau » dans l’immensité d’un ciel bleu azur, lumineux et plein d’étoiles à la nuit tombée.

Le besoin d’amour : une madeleine de Proust

Une poudre d’étoiles scintillantes qui pénètrent un cœur avide qui ne sait plus battre dans une relation amoureuse. Parce que ce cœur a été brisé. Encore une fois de plus… la fois de trop, celle qui ferme les portes du paradis.

Le besoin d’amour est une madeleine de Proust. Parce que ça commence à l’enfance. Un regard d’amour qui s’éternise dans une attente effroyablement… vide. Alors on imagine, on se crée un monde qui n’existe pas, mais qui nous rassure et nous fait oublier qu’on est seuls, abandonnés par ceux qui comptent le plus au monde, dans notre monde de l’enfance. Un peu comme l’odeur d’un gâteau qui nous rappelle quelques rares moments passés avec Maman. Ou bien un air de chanson que Papa aimait particulièrement et que nous écoutions dans la voiture, en chemin pour les vacances… les seules vacances passées avec nos deux parents.

Le besoin d’amour : ses racines

Ce besoin d’amour trouve ses origines dans cette relation « ratée » à nos parents. Puis il nous poursuit, ou plutôt, nous le pourchassons cet amour, dans une quête acharnée qui ne peut être que faussée puisque l’amour, le vrai, ne nous a pas été offert. On ne peut comparer que ce qui est comparable. Alors moi, j’ai comparé mes liens d’amour avec ceux que j’ai connu lorsque j’étais une petite fille, ressentant déjà cette fêlure en moi, qui ne réussissait pas à se colmater.

J’ai la tête, le corps, le cœur fêlés. Je passe ma vie à cacher mes secrets et survivre au manque d’amour, celui qui restera suspendu à un rêve inaccessible : l’Amour inconditionnel de Maman.

« Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière. » Michel Audiard

L’amour qui n’en est pas : juste une illusion d’amour

« L’illusion est une foi démesurée. » Honoré de Balzac

« Oter l’illusion à l’amour, c’est lui ôter l’aliment. » Victor Hugo

« L’illusion est le premier des plaisirs. » Voltaire

A chacun sa vision. Moi, je crois en l’Amour.  Je crois qu’il existe un sentiment d’amour qui soit réalité et non qu’une illusion. Je veux le croire. Pourtant je sais ce qu’est d’avoir vécu des histoires d’amour qui n’en étaient pas. De grandes histoires d’Amour pour moi vendues par des escrocs des sentiments, des manipulateurs d’émotions, des voleurs de confiance.  Voilà, ces hommes prennent le cœur des femmes et l’abusent. Ma mère aussi a été une escroc de l’amour, complice d’un autre escroc. Moi, j’ai cru en tous leurs mensonges. J’ai grandi avec des faussaires. Je suis devenue une assoiffée d’amour sans en connaitre la vérité ; Pour autant, je ne peux me satisfaire de l’idée qu’il ne soit qu’illusion.

La manipulation et l’escroquerie des sentiments : Pourquoi ?

« Ce n’est qu’une hypothèse, mais retenez ceci : le corps a une mémoire, votre psyché aussi. Quand le pan d’une falaise s’écroule soudain dans la mer, tout le monde sait bien que ce n’est pas une fêlure spontanée et immédiate qui a provoqué cette chute. Il y a déjà très longtemps que les fissures et les craquements souterrains avaient commencé leur invisible travail de sape. »

Tomber sept fois, se relever huit de Philippe Labro – Philippe Labro

C’est pour cette raison que nous tombons dans les pièges de la manipulation des escrocs de l’amour. Parce qu’on a été conditionnés à ne pas développer de défenses face à la manipulation mentale. Conditionnés à l’acceptation de l’inacceptable et à ce que notre cerveau devienne influençable à souhait. Conditionnés pour que notre esprit naïf s’ouvre à toute tentative de mensonges, et qu’il ne se rebelle pas. Dire « oui » pour ne pas sombrer dans une solitude insupportable. Toute trahison sera mieux que l’intolérable sentiment de désert affectif.

Le piège de l’attente d’amour : Comment remplacer cette drogue ?

Comme toute dépendance, que se soit à l’alcool, la drogue, le sexe, le jeu, qui enferment dans un cercle vicieux de besoins irrépressibles, la dépendance à l’amour nécessite un travail sur soi. Parce qu’il est essentiel  de déterminer les causes de cet emprisonnement. La dépendance affective est la prison de l’amour, et comme toute prison, on ne peut s’en échapper sauf en trouvant les clés de la libération.

On pourrait évoquer les étapes à suivre dans les programmes des AA Alcooliques Anonymes ou des NA Narcotiques Anonymes, car c’est bien de ça dont il s’agit : un programme d’abstinence à une drogue, qui repose sur des principes à appliquer dans la vie quotidienne afin de retrouver la maitrise de notre vie, dans un contact conscient avec soi-même. Je n’ai aucune intention de rentrer dans le détail du programme de AA ou NA mais je trouve très enrichissant de s’y référer.

La prison de l’amour : Quand on est dépendant affectif

Car la dépendance affective est un fléau personnel dans l’existence de la personne qui est emprisonnée dans cette toile d’araignée.

Je suis une ancienne dépendante affective. Je ne me suis jamais droguée, je ne bois pas, je ne fume pas, je ne joue pas, mais j’ai perdu beaucoup de temps sur mon bien-être.

 Mon besoin d’amour : Comment je le vis aujourd’hui ?

Super bien !!

Je le vis mieux que jamais ! Je suis célibataire pour la première fois de ma vie – oui, depuis mes 16 ans, je ne suis jamais restée sans un amoureux ! – et je ne me suis jamais sentie aussi heureuse, libre dans ma tête et mon corps, femme confiante, guerrière aguerrie. J’ai souffert, j’ai pleuré – des litres de larmes – car il m’a fallu traverser cet océan d’incompréhensions qui s’étaient installées entre « moi » et « moi » depuis l’enfance. Comprendre pourquoi je n’arrivais pas à me suffire à moi-même. Comprendre pourquoi je me sentais en insécurité lorsque je n’étais pas en couple. Comprendre combien ce besoin d’amour impérieux faisait de moi une esclave aux sentiments, en demande de sécurité affective qui ne saurait m’être donnée que par un homme.

J’ai vécu, j’ai traversé, j’ai combattu, j’ai compris.

Mon besoin d’amour : ma résilience

Aujourd’hui, je ne suis plus dans un besoin d’amour, ni dans un désert affectif. J’ai le désir d’aimer autant que d’être aimée, mais je ne tomberai plus dans ce piège du besoin d’amour qui malmène, qui fait mal, qui entraine les risques de relations toxiques. Je vis bien ma solitude, alors qu’auparavant j’étais angoissée à l’idée de vivre seule. Je choisis en toute conscience et consentement mes relations sexuelles et amoureuses, et même si je ne rencontre pas un homme qui puisse correspondre à ce que je suis profondément, je n’en éprouve aucun sentiment de vide affectif.

Je crois que ce temps de découverte, de face-à-face avec moi-même, était nécessaire et indispensable pour que je puisse enfin être en paix avec la petite fille qui n’avait pas apprivoisée ses peurs.

Thalia Remmil

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