Au Pays d'Elles
du trauma de l’enfance à la conquête de soi : De la difficulté de la sexualité lorsqu’on a été victime d’inceste
Inceste et sexualité
« Parce qu’il faudra beaucoup d’amour, et de tendresse, bien plus que de sexe, pour rétablir une confiance brisée dans le corps d’une femme qui a été victime d’inceste. » Thalia Remmil
Dans cet article, j’aimerais aborder le thème de la sexualité lorsque l’on a été victime de liens incestueux durant l’enfance, l’inceste, ce mal aux multiples conséquences.
Comment entrevoir la relation intime que représente la sexualité avec un homme lorsque le corps de la petite fille a été l’objet de désir malsain et pervers d’une personne en qui cette même petite fille a donné son entière confiance ?
Je parle beaucoup de confiance car l’intimité avec un homme, ou une femme du reste, peu importe, est un lieu qui ne peut s’envisager dans la méfiance,
Dans mon autobiographie, j’aborde de façon personnelle toutes les conséquences de l’inceste dans ma vie de femme. La sexualité en fait partie bien entendu comme toutes les victimes d’abus sexuels, qu’il s’agisse d’inceste ou non. Les conséquences sont différentes et plus graves dans le cas de l’inceste car le prédateur est alors la personne qui représente l’autorité parentale.
L’Inceste : Un corps qui nous a trahit
« Mon corps, tu m’as trahi, laissant l’ombre du mal assouvir ses pulsions. Mais tu n’étais pas qu’ombre. Tu étais mon re-père et mon cœur aussi, tu m’as trahi. » Thalia Remmil
Ben souvent, les victimes d’inceste ont des difficultés à s’engager dans une vie de coupe qui soit durable et équilibrée. Bien souvent, elles en veulent à ce corps qu’elles n’aiment pas, de les avoir trahies.
Cela n’a pas été mon cas. J’ai connu mon premier mari à l’âge de 22 ans et nous avons divorcés alors que j’avais 38 ans. Nous sommes donc restés ensemble dans une relation relativement stable durant 16 ans. Nous avons eu deux magnifiques enfants. Nous avons été fusionnels dans notre vie, travaillant ensemble.
Mes dysfonctionnements au niveau de la sexualité étaient plutôt mon manque de libido dans une relation qui ne soit qu’à deux, car j’ai été élevé dans un système éducatif très libertin, dans lequel on ne m’a pas inculqué les bases d’une relation de couple dite « normale ». Je me pensais donc libertine, et je pensais avoir besoin d’une tierce personne dans mon couple pour avoir le désir sexuel. C’était faux, ce n’était qu’un conditionnement éducatif. J’ai réussi à m’en libérer en faisant un travail sur moi ; je suis une personne en perpétuelle introspection, je me questionne beaucoup, je lis beaucoup et j’apprends. J’ai aussi décidé d’abandonner le libertinage car ça ne m’apportait rien de bon, et que j’avais un vrai désir de vivre une vie de couple saine et équilibrée. J’ai fait le choix délibéré de quitter ce milieu.
Alors, bien-sûr, le fait d’avoir été abusée sexuellement dans mon enfance, et qui plus est par mon beau-père avec l’entière complicité de ma mère, en plus d’avoir été manipulée telle une chose au service de la folie de ces deux êtres malsains, ne m’a pas aidé à une sexualité épanouie dans ma vie de couple. Je n’avais pas envie de faire l’amour souvent, mais mon mari m’aimait suffisamment pour le comprendre et l’accepter.
Si j’ai donné si souvent et si facilement mon corps en pâture, c’est justement parce que ce corps était un traitre, qu’à cause de lui, mon beau-père avait eu des pulsions malsaines et que je ne pouvais donc pas faire confiance ni aimer ce corps.
L’Inceste : la confiance, un essentiel pour la sexualité
« Mais c’est un paradoxe que la trop grande confiance accordée à la peur du lâcher-prise. » Thalia Remmil
La confiance. J’en parle souvent car c’est la base dans toute relation humaine, c’est le socle dans l’intimité avec l’autre, cet autre qui pénètre le corps, le cœur et l’âme. Il y a ceux qui sont naïfs, vulnérables, et qui dans une attente d’amour infinie vont se perdre corps et âme dans une dépendance affective qui va les amener à l’acceptation de tout et de l’inacceptable. Ceux qui resteront dans le déni de la réalité car cette réalité serait bien trop dangereuse pour eux, pour leur psychisme déjà bien abîmé de multiples trahisons.
Ça, c’est Moi.
Puis, il y a ceux qui ne parviennent plus à accorder leur confiance.
Chaque individu réagit aux choses qui l’impactent de manière différente.
Dans tous les cas, une confiance accordée trop facilement ou une confiance non accordée par peur d’être à nouveau trahi, reste un frein dans une relation de couple équilibrée. Il ne s’agit pas que de sexualité, il s’agit de la relation amoureuse qui englobe bien entendu la sexualité. Aucun couple ne peut s’épanouir sans faire l’amour. Alors c’est quoi « faire l’amour ? » Cette question, mon héroïne, la pose à sa mère lorsqu’elle est enfant. « Dis Maman, c’est quoi l’amour ? Dis maman c’est quoi faire l’amour ? »
Faire l’amour, c’est bien s’abandonner à l’autre en toute confiance dans cet espace où chacun se sent en sécurité, libre, et consentent. Faire l’amour, c’est bien entrer en connexion avec cet autre qui est Amour.
Voici des notions qui ont été bafouées dès l’enfance et qu’il est essentiel de reconstruire dans un contexte amoureux qui soit sincère, autant que sain.
Les victimes d’inceste étant des proies faciles pour les prédateurs qui vont pénétrer cette faille de l’amour, le chemin pour se reconstruire dans une relation saine n’en sera que plus compliqué. Car alors, il leur faudra se libérer de cette faille, la comprendre, pour ne plus tomber dans les pièges hautement toxiques des vampires, moi je les nomme les loups, ils s’appellent aussi pervers narcissiques. Peu importe le nom qu’on leur donne, ces vampires de l’âme sont des monstres qui se nourrissent de la faiblesse de ceux qui ne demandent qu’à être aimé, qui ne demandent qu’à Aimer. Qui ne demandent qu’à reconstruire la confiance pour une sexualité partagée, dans une vraie relation d’Amour.
Thalia Remmil