Mon Parcours
Pas simple d’être une enfant
L’enfance, synonyme déjà de l’abandon. Mes parents divorcent alors que je n’ai que quatre ans, et voir un père pleurer l’ombre d’une femme qui s’enfuit dans les bras d’un ailleurs n’est pas simple pour la petite fille sensible que je suis. C’est dans une famille que je grandis auprès d’une nourrice bienveillante, entourée de deux « frères » et d’une « sœur », que je considère alors comme tels. Je ne vois pas souvent mes parents, ma mère travaille énormément, mon père travaille loin. Le manque est là, omniprésent. Lorsque ma mère vient me chercher, je suis un chiot fou. Je suis heureuse malgré l’absence jusqu’à mes onze ans dans cette famille grâce à laquelle je trouve un équilibre.
Puis, le chaos emporte tout sur son passage, mes rêves et mon innocence.
Je grandis ado sage et non-rebelle
Ma « famille » s’en va vivre vers Bonneval ; je retourne vivre chez ma mère. Là, je découvre une ambiance très éloignée de ce que j’ai connu, un environnement très peu en adéquation avec mon jeune âge. D’une enfance entourée de bienveillance, je me retrouve confrontée à une réalité que je ne comprends pas et qui m’effraie, à laquelle il me faut m’adapter. Qui est donc cette mère qui ne me protège pas ? J’ai tellement d’amour à lui donner et en attente de ces années sans elle, que je me dis que leur façon de m’aimer, à elle et mon beau-père doit être la bonne… C’est à onze ans que je vis le chaos, le choc de l’intime, et que ma vie bascule. Pourtant, je serai bonne élève et j’obtiendrai mon BAC littéraire avec mention. Sans doute, l’école et mes chats m’ont-ils sauvée de la noyade. Je dois me sauver de mes « parents » si je veux continuer à respirer.
Je deviens mère
Je rencontre le père de mes enfants, et celui qui restera mon mari durant quinze ans. Etre mère est pour moi une bouée sans laquelle je n’aurais trouvé aucune force, aucun désir de surmonter mes blessures. Mes enfants sont mes piliers, mes raisons d’exister, mes joies, mes rires, mes peurs aussi… Mes démons endormis quelques temps pendant mes deux grossesses vécues sur un nuage de bonheur et ma maternité, ressurgissent ne me donnant que peu de répit. Je sais de cet amour que je serai une mère plus qu’une femme. Seul ce lien indestructible me tiendra la tête hors de l’eau.
Je suis fragile
A fleur de peau, je dirige ma vie tant bien que mal, ne comprenant pas pourquoi je me sens vide si souvent, seule et au bord d’un abîme. Heureusement je trouve le réconfort auprès de mon mari et de mes enfants, mais le poids d’un silence et d’un secret se fait de plus en plus pesant. Bien sûr, j’ai parlé à mon mari de ce que mon cœur porte en lui de sordide et d’invivable mais à part m’aimer du mieux qu’il peut, moi seule peut trouver les clés d’un paradis qui doit bien exister quelque part. Malheureusement, ma vie de couple ne survit pas à ma névrose latente, je déraille et je demande le divorce. Pendant toutes ces années, j’écris beaucoup. J’ai toujours beaucoup écrit, c’est ma soupape, mon oxygène. Puis je rencontre mon deuxième mari celui auprès de qui je m’imaginais vieillir, main dans la main.
Le piège se referme sur moi. Je ne vois rien venir. Je suis raide dingue amoureuse. En totale dépendance affective. En quête de moi, en quête d’Amour.
Je me lance dans l’aventure
Je me cherche, je tente de multiples thérapies pour m’en sortir, je ne baisse pas les bras. Je tombe par deux fois en dépressions, et je me retrouve en seize ans, trois fois aux urgences psychiatriques. Aujourd’hui, je réalise ce que je me suis laissée vivre pendant tant d’années, je réalise les dégâts provoqués par le séisme de mon enfance, et les conditionnements de clivage, de manipulation, de perversité qui ont jalonnés ma vie d’adulte. J’ai cinquante-quatre ans, je suis grand-mère, et ce n’est que du bonheur mais il va me falloir du temps pour me reconstruire. C’est sans doute là, la véritable aventure. J’écris et je décide de m’auto-éditer même si je m’en pensais incapable. Je trouve en moi une force incroyable, une force de vie que je sais provenir d’une seule et unique chose : l’Amour que je porte en moi depuis toujours. Sans lui, j’aurais sombré dans les ténèbres, dans la face sombre de moi.
Mes romans prennent vie. Ma résilience est proche. Je n’ai que cinquante-quatre ans. Un cœur qui a mal mais un cœur qui est redevenu celui de la gamine qui veut croire en ses rêves. Je remercie la vie, grâce à elle, je ne serai pas une auteure torturée.
Agir, écrire
Mes causes
L’enfance en danger
En décembre 2016, je créais mon blog et ma page Facebook Adieu Voleurs de Vie.
J’avais aussi écrit une autobiographie dont le titre était Adieu voleurs de vie, livre que je n’ai jamais édité. La peur m’en a empêchée. Parce que la loi du silence est une muselière qui empêche de dire. Une porte de prison rouillée qui ne veut pas s’ouvrir. Cerclée dans cet environnement, l’enfance s’endort, soumise. Parce que le petit ne peut que subir, croire et grandir ; tant bien que mal, devenir adulte. Je connais bien cette enfance, qui sourit à l’aube et pleure au crépuscule, espère toujours mais souffre encore.
Parce que l’enfance maltraitée est une cause qui me tient à cœur, mes mots ne resteront plus endormis.